Les calendriers et almanachs sont jusqu’au XIXe siècle un outil de lecture populaire pour une large frange de la population. Le « Lustige Zeit-Vertreiber » (litt. « Passe-temps amusant ») aussi appelé « Evangelisch-Verbesserter, Catholisch-Neuer und Alter Julianischer Historien-Kalender » (« ancien calendrier julien, calendrier protestant amélioré et nouveau calendrier protestant ») était publié par Karl Heinrich Blau (1757-1824) qui a fondé en 1802 la première imprimerie de la ville de Kaiserlautern.
À l’instar des calendriers populaires, le « Lustige Zeit-Vertreiber » de Kaiserslautern contient un calendrier représentant différentes chronologies et des « pratiques astrologiques » (prévisions météorologiques basées sur l’astrologie), des instructions pour réaliser des saignées, les dates des foires et marchés de la région, des anecdotes, des évènements historiques et les actualités politiques.
L'édition de 1806 contient en outre, par exemple, une gravure sur bois sur les célébrations du couronnement de Napoléon Ier en tant que roi d'Italie dans la cathédrale de Milan.
Le personnage central sur la couverture du calendrier de Kaiserslautern est un homme qui monte un homard. En référence aux « messagers boiteux » d’autres calendriers, dont la jambe de bois ne leur permet pas d’avancer vite et qui sont souvent affublés, en couverture, d’un escargot, le crustacé symbolise lui aussi ici la lenteur de celui qui apporte les nouvelles dans le calendrier. Mais contrairement aux courriers rapides se déplaçant à cheval, les colporteurs invalides lents étaient considérés comme des sources fiables. L’image du crustacé fait par ailleurs partie de l’iconographie de la folie depuis au moins « La Nef des fous », de Sébastien Brant. Cela peut également évoquer la perception de soi souvent ironique du narrateur du calendrier, qui par son style et son trait rappelle des narrateurs tels que Till l’Espiègle voire même « La Nef des fous » de Brant. [Johanna Kätzel]
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