Roue n°1 d’un chariot de cérémonie : Deux roues en bronze datant du IXe siècle avant J.-C. trouvées à Haßloch qui s’inscrivent dans un contexte où religion et rituels occupent une place forte. Elles proviennent d’un chariot de cérémonie et de culte à quatre roues qui servait vraisemblablement à des processions de divinités, statues ou effigies, à transporter des chefs et des prêtres lors de « cérémonies officielles » et de célébrations rituelles ou encore à transporter les dépouilles de personnalités. Ce type de chariots de cérémonie, dont les roues ne sont pas entièrement en bronze, pratique limitée dans le temps et l’espace, a déjà, au IXe siècle, une longue tradition derrière lui, remontant jusqu’en 1 300 avant J.-C. en Europe centrale, en provenance vraisemblablement de la région proche-orientale/égéenne. En Europe centrale, la tradition perdure après la fin de l’âge du Bronze. Les archéologues ont surtout pu mettre à jour des artefacts des VIIe et VIe siècles avant J.-C. De cette même période nous sont parvenues des représentations illustrées de processions cérémonielles (en dessins gravés sur de grandes poteries) de l’est de l’Europe centrale. Les roues de Haßloch ont été découvertes enterrées à environ 1 m de profondeur, seules, et volontairement brisées en 103 morceaux. La destruction du chariot et l’enfouissement de ses composants semblent indiquer une inhumation rituelle d’objets de cultes qui ne sont plus utilisés pour leur éviter une mauvaise utilisation profane. Les roues en bronze de Haßloch ne revêtent pas seulement une importance quant à l’histoire des religions. Sur le plan technique, elles et leurs rares semblables représentent l’excellente maitrise des fondeurs de bronze préhistoriques dans l’Europe non grecque. En matière de technique de fonderie, ils font jeu égal avec le moulage d’une statue en bronze grecque. L’une des deux roues, de 50 cm de diamètre, au cylindre de moyeu de 37,5 cm de long, aux rayons creux et à la jante aux profondes rainures, a été coulée d’un seul tenant. L’autre, un peu plus petite avec ses 48,5 cm de diamètre, aurait-elle aussi pu l’être s’il y avait assez d’appareil à moulage. Un segment de la jante a donc dû être joint par une fonte composite, celle-ci venant, par sa taille et son raccord de type languette et rainure, confirmer la maitrise accomplie de l’atelier. Rares étaient les fonderies à maitriser, comme à Haßloch, le moulage des roues en bronze. À en juger par la diffusion des roues, leur périmètre d’utilisation s’est limité à la région franco-rhénane-suisse. Il est enfin intéressant de noter que les roues en bronze renfermaient à l’origine des jantes en bois saillantes d’environ 5 cm et que les moyeux étaient doublés de bagues en bois. [Lothar Sperber]
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