Cône d’or de Schifferstadt : ce cône d’or d’un seul tenant, orné de motifs faits au poinçon, datant de l’âge du Bronze moyen a été déposé en terre, avec trois haches en bronze, dans le cadre d’un enfouissement ou enterrement à l’évidence rituel. Les haches permettent de dater ces artefacts au XIVe siècle avant J.-C. Seuls quatre de ces cônes, dont celui de Schifferstadt, le plus ancien, sont à ce jour connus. Le cône d’or d’Avanton, dans le Poitou, date à priori du XIIIe/XIIe siècle avant J.-C., tandis que celui d’Ezelsdorf, en Moyenne-Franconie, date du XIVe siècle avant J.-C. Tous les quatre possédaient à l’origine la même forme de base, un socle large et prononcé, fortement courbé, tel que préservé sur le seul cône d’Ezelsdorf. Le rebord plat dépassant du « chapeau » de Schifferstadt constitue une transformation ultérieure, peut-être de l’âge du Bronze. Elle a été extraite de la base qui se prolongeait à l’origine sur environ 2,8 cm vers le bas et se terminait par un bord rabattu. S’il est incontestable que le cône d’or a revêtu une fonction rituelle, on ne peut qu’émettre des suppositions sur le contenu de ce culte et les rituels associés. Les cônes semblent être liés au culte du soleil et les haches de cérémonie étaient un objet et un attribut de culte importants, comme le montre les haches trouvées à Schifferstadt ainsi que la représentation graphique d’une stèle à cônes entre deux haches cultuelles sur une dalle en pierre de la tombe du chef de Kivik, dans le sud de la Suède, datant du XIIIe/XIIe siècle. P. Schauer avance l’hypothèse plausible selon laquelle les cônes d’or découlent au final du patrimoine religieux et de la symbolique du Proche-Orient, qui s’est répandu de l’Asie Mineure hittite jusqu’à l’Europe centrale, du Nord et de l’Ouest via la région du bas-Danube. Leur intégration dans le patrimoine culturel peu ou prou illustré d’Europe centrale et de l’Ouest s’explique certainement par le fait qu’aux yeux hittites, les cônes n’étaient pas uniquement le symbole ou l’attribut de la divinité, ils en donnaient en outre une image abstraite. Le vaste rayonnement du symbole du cône à travers l’Europe ne serait en outre pas un phénomène isolé mais plutôt lié à de grands mouvements culturels tangibles en provenance de la région proche-orientale/égéenne vers l’Europe centrale et occidentale. Mentionnons ici tout particulièrement la place centrale des « images de salut » de l’âge du Bronze moyen et tardif en Europe centrale : l’oiseau aquatique et la barque solaire aux oiseaux, dont l’origine proche-orientale/égéenne est évidente, ont commencé à s’implanter en Europe à partir du XIVe siècle avant J.-C., soit en même temps que les cônes d’or. On ne peut donc que constater que les cônes d’or s’inscrivent dans une symbolique religieuse commune à de nombreuses régions d’Europe et au Proche-Orient. [Lothar Sperber]
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